Le rap a toujours été protéiforme et sa domination actuelle décuple les efforts créatifs de la part des artistes, pour se différencier. S’il est né au début des années 1980 en piochant dans la funk et le disco, il prendra tour à tour au jazz, à la soul, au métal… 40 ans plus tard, les termes désignant des sous-genres se multiplient : de l’évidente drill issue de la trap à l’affolante new jazz en passant par la Detroit, la richesse du rap s’étend aux yeux de certains alors que pour d’autres, ces mutations en sont l’apauvrissement.
Sur NewTone, on fait plutôt partie des premiers. Constamment à l’affût de nouvelles tendances comme la jerk qui rompent avec la lisse stagnation du rap mainstream, on décrypte ces mouvements et ces sous-genres.
Intéressons-nous à une tendance qui a la particularité d’émerger en France sans être inspiré d’une tendance américaine : le « new bouyon ».
Le New Bouyon, ça vient d’où ?
Il faut commencer l’analyse aux années… 1980. Effectivement, avant d’atteindre une forme « new », le Bouyon est né dans les années 1980 sur l’île de la Dominique d’un mélange de genres allant du calypso au zouk.
Il finit par s’exporter dans toutes les caraïbes à travers les carnavals puis les Block Party. En Guadeloupe dans les années 2010, il prend une forme plus marquée qui devient le bouyon gwada.
Musique festive carburant à 160BPM, le Bouyon forge sa réputation autour de danses débridées et de paroles explicites, amenant les critiques mais aussi le succès dans les clubs occidentaux.
Le genre sera souvent décrié, notamment en métropole, comme étant mysogine, vulgaire et homophobe. S’il est difficile de donner factuellement tort à ces réactions, le bouyon est à comprendre dans l’environnement culturel et social des caraïbes. Remarquons par ailleurs que plusieurs artistes bouyon féminines comme Holly G ou Yu Meï (aka Ultime Pétasse) semblent plutôt témoigner d’un empouvoirment par le genre que l’inverse. Là, malheureusement, ce n’est pas le bouyon mais les hommes et leurs réactions à leurs chansons portent atteinte à la liberté dont elles font état dans leurs textes.
Le « New bouyon », une adaptation française
La drill ayant marqué une nouvelle accélération des BPM du rap, des artistes d’avant-garde comme Ricky Bi$hop, Laskiiz ou Loki Gonzales s’inspirent du bouyon pour proposer un nouveau genre de club anthems.
Parmi eux, Ricky Bi$hop s’illustre en précurseur et en meneur avec son EP #newbouyon qui fit suite au single Soukré ça. Le projet de 5 titres est dédié à l’exploration du genre et sera sans doute fondateur dans cette potentielle tendance.