Voilà un excellent exemple de ce qu’un premier album doit être.
Maïro conserve l’univers qu’il a construit jusqu’ici et le porte à un autre niveau. Egotrip hors-catégorie, références au rap français, retour d’Hôpital (son frère jumeau ou alter ego) à la composition de tout le projet pour une sensation unique… Bref, « nous y est ».
On sait toujours pas si Maïro est le méchant ou le gentil du film. Il a une façon de faire de l’egotrip qui est hyper marquante dans l’arrogance. Et comme évoqué sur les projets précédents, c’est à double tranchant. En regard de sa génération c’est sans aucun doute l’un des meilleurs rappeurs, mais les textes sont trop égocentrés pour percuter de manière vraiment intemporelle, je crois. A noter que c’est générationnel aussi : peu de jeunes rappeurs font des constats sur le monde et se concentrent plutôt sur eux-mêmes, époque individualiste oblige. Le constat est assez désolant mais ça n’empêche que ça donne de la bonne musique. Ca questionne juste sur sa durabilité, ce qui est dommage vu la richesse de la production du projet.
Je me dois bien sûr de nuancer : parfois, on se reconnaît ou on se projette en lui. Qu’il envoie chier chaque patron, qu’il pense quelque chose de la géopolitique actuelle sans pour autant s’y épencher sur 10 lignes… C’est aussi ça d’écouter du rap, c’est de la motivation à travers l’égo de quelqu’un d’autre ; mais il est tellement bon écrivain que j’arrive pas à ne pas en attendre plus.
Lui-même dit comme un slogan : « je ne suis pas un prophète ». Mairo est anti-impérialiste et anticapitaliste, ça passe sans doute par la glorification de soi-même au détriment de ce que les autres peuvent penser par eux-même. Qu’ils se débrouillent ; et au fond, il n’a peut-être pas tort.
Je pense déjà que c’est l’album de l’année, aucune déception. Des sonorités bien différentes, j’avais peur du contraire. Aucun mot n’est laissé au hasard, c’était magnifique à écouter, j’ai adoré.
Je vois ce que tu veux dire par rapport à son engagement dont on pourrait attendre plus. Mais d’un autre côté ce que je trouve super avec sa manière d’écrire c’est qu’on sait qu’il est concerné par ce qu’il raconte et qu’il n’a pas peur d’affirmer des positions dures à tenir. Je trouve qu’il est subversif sur certains morceaux et Dieu sait que c’est quelque chose de très rare aujourd’hui. Je trouvez vraiment que le travail d’Hopital ajoute au projet ce qu’il peut manquer à certains rappeur technicien : une patte. C’est vraiment un projet très texturé avec beaucoup de couches, ce qui pousse à l’écouter et le réécouter en découvrant de nouveaux détails à chaque fois. Je pense sincèrement que ce sera un projet qui va durer dans le temps.
Très beau projet !
Après 2 ans d’absence (ponctués par un Colors quand même), Maïro revient.
Guerrier sans tête comme jamais, en vérité la formule est loin d’avoir changé. L’emballage, sans doute, meilleur : ô combien cette cover de Dexter Maurer a fait parler, ô combien elle est marquante et cohérente.
Ô combien… non j’arrête. Omar chappier est loin d’être mon projet favori de Maïro. Pourtant, l’introduction est une référence à l’un des artistes que j’ai le plus écouté dans ma jeunesse : Sheryo. C’est une vraie victoire, je pense, pour tous ceux comme moi qui chérissent les bijoux que sont Ghetto Trip et Le Salaire de la galère.
Sur omar chappier, les prods ont subi une belle mise à jour et sont légèrement plus épurées que d’habitude. C’est d’ailleurs, je crois, le seul projet sur lequel Hôpital (son frère jumeau ou alter ego, on sait pas) n’est pas le seul compositeur. Et c’est là le principal reproche que j’ai à faire à ce projet : il est trop dans l’ère du temps, pas assez cohérent et notamment gâché par des écarts d’ambiance comme sur 2 jackets avec Implaccable. Ce dernier est littéralement mon artiste favori de sa génération, mais un son jersey comme ça n’a rien à faire sur ce disque, à mon avis.
Maïro étant excellent dans l’egotrip et peu dans l’intime, l’univers apporté par les prods est vraiment essentiel et là on est à côté pour moi.
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« J’rappe tellement bien qu’on dit que j’rappe mal ».
Fermer la bouche de tout le monde comme ça dès l’intro, c’est pas donné à tout le monde. Toujours accompagné d’Hôpital, son compositeur et « frère jumeau » (ou alter ego ?) Maïro fait juste du sale sur 8 titres.
Si’l y a un reproche qu’on peut faire sur chacun de ses projets, c’est d’être autocentré et de faire primer la rime pour la rime sur le sens, parfois. S’il tient sa technicité de l’école Time Bomb, il lui manque un peu l’art du storytelling. Maïro est, comme il le fera comprendre plus tard, un guerrier sans tête, un soldat sans identité, un mort dont on a perdu le matricule.
Ce qu’on apprend sur lui n’est pas bien profond et ça s’arrête à un excellent rappeur qui maîtrise l’égotrip comme peu. Attention, c’est pas vide de substance non plus, mais au final on prend plus de plaisir sur des beatswitch qu’on oublie que sur des punchlines qu’on retient.
Un projet de fou furieux où Mairo nous fait voyager de continent via de morceaux avec des ambiances tribales et des samples sortis de Western ou de film de Kung Fu. Le morceau Eritriste opère une première plongée dans le quotidien de Mairo accompagné d’un clip mettant en scène les personnes de son « village compliqué » comme il l’appelle. Un clip où les commerçants, les mamans du quartiers et les jeunes artistes sont tous au même niveau. Derrière L’ego qu’il montre sur des performances dont il a le secret, Mairo à un œil sur tout ce qui l’entoure et des choses à cracher.
De la track 1 à la track 10, y’a juste un truc qu’on se dit : quel rappeur.
Franchement, quel rappeur hors-pair. Rétrospectivement, si on écoute ce projet en 2025, on se dit vraiment que c’est l’époque qui a changé et non l’artiste. En 2020, le public voulait des rappeurs tristes, des rappeurs sous autotune. Les années passant (et UMLA aidant), les rappeurs qui frappent ont repris le terrain qui leur revient de droit.
Quoi qu’il en soit, je me souviens lorsque j’avais découvert Kill Bill, je m’étais vraiment dit : ce gars doit devenir grand. J’aurais jamais pensé que ça aurait pris tant de temps et en même temps, c’est très bien comme ça. A cette époque, le prime du SuperWak Clique était un peu en train de passer et Maïro n’a pas vraiment bénéficié de leur force ; pour autant il s’est bien inscrit dans leur Groove et on l’entend sur ce projet.
Sur 95 monde libre, Maïro est déjà Time Bomb, déjà anti-impérialiste, déjà insoumis.
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