“HARMONY”, c’est ce à quoi ressemble un projet où la confiance et l’entente artistique entre les compositeurs et l’artiste est complète.
Co-réalisé, produit et topliné sur certains titres par la crème du beatmaking français (Bloody, Kosei, Hofmann…), les inspirations outre-Atlantique sont digérées et adaptées : on pensera notamment aux influences d’une nouvelle vague de trap US menée par Talinwya (dont le frère et compositeur Kelewya aura participé à la production du featuring avec La Fève), oodaredevil, Zukenee… Malgré sa relative longueur (15 titres en 2025, c’est 23 il y a 5 ans), le projet évite la redondance grâce à une diversité stylistique maîtrisée : trap mélodique, Glo, RnB sur le feat avec Sonny Rave, de la baile funk sur “BOMBOM”… On imagine sans trop de difficultés le nombre de contextes variés d’écoutes. Les feats sont bien exécutés, sans être non plus surprenants artistiquement.
Cependant, cette qualité formelle se heurte à un vide lyrical persistant. La tentative d’introspection sur « RODEO », par exemple, manque de profondeur narrative et émotionnelle, limitant son impact. Si HARMONY brille par son exécution technique et son éclectisme, l’absence de densité dans les textes empêche le projet de franchir un palier artistique décisif. Un paradoxe qui en fait un objet musical aussi séduisant qu’éphémère, laissant le sentiment d’un potentiel inachevé.
Comme dit Andre3000, c’est du rap de centre commercial, du rap pour faire du shopping. Excellemment bien exécuté, mais extrêmement pauvre en substance, oubliable et duplicable.
C’est parfaitement compréhensible que ça plaise et même à relativement grande échelle. C’est comme Gunna : c’est loin d’être mauvais et c’est même
bon, « harmonieux » musicalement, mais juste vide.
Pour contextualiser mon avis, sachez que je suis passé complètement à côté de la vague J9ueve à son arrivée.
Et ce projet m’a aidé à la comprendre, pas à la prendre. Le point positif le plus évident, c’est la composition. Le projet est très bien produit, parfaitement en cohérence avec l’époque et l’attitude de J9.
Je me surprends à apprécier un titre comme « Le Monde Etait à Nous », aux allures presque pop, tant il est juste dans ce qu’il incarne.
En revanche, globalement, je m’ennuie, voire je suis gêné, au cours du projet. C’est vraiment une question de personnalité ; les thèmes sont hyper autocentrés, capitalistes et superficiels. Ca n’empêche pas que c’est réellement bien écrit : son esprit est très différent du mien, mais il a le réel mérite de rendre belles ses pensées et son quotidien.
Si je regarde le rap français actuel, J9 se place sur un créneau sur lequel il est inégalé. C’est effectivement « le bijou le plus brillant » de sa catégorie, mais je n’entre pas dans ce magasin personnellement.
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