So Vladdy Shit a tout d’une suite logique à So Vladdy, à l’exception non négligeable de l’odeur d’un classique.

Ouvert sur Anti-Industrie, véritable Anthem qui restera sans doute dans les morceaux les plus marquants de la discographie d’Implaccable, le projet respecte les mêmes règles. Des samples classiques pour une génération, des rythmes jersey, des déclarations d’amour fraternel et amoureux, une proposition qu’on ne trouve pas ailleurs. Mais cette fois, la longueur du projet se fait légèrement plus ressentir, notamment par le grand nombre de featurings qui contribue à casser l’autocratie d’Implaccable dont on pouvait rêver. Néanmoins, quoi de plus logique que des collaborations pour celui qui revendique l’amour de ses tracs ?

Malgré cela, on découvre aussi un Implaccable qu’on ne connaissait pas encore ; plus épique sur Anti-Industrie ou #yeah, plus romantique sur Casser le lit et Mon amour est spécial, mais surtout plus émouvant sur REP Mike (that’s crazy).

Somme toute, So Vladdy Shit bénéficie sans doute moins d’un effet de nouveauté que So Vladdy, mais lui donne une suite à la hauteur ; ce qui relève déjà de la prouesse.

Sur ce court EP de 3 titres, Implaccable epxrime exclusivement sa facette romantique. Facette appréciable de sa personnalité, présente sur chacun de ses projets, on apprécie cette sensibilité que le fait d’être assumée rend particulièrement charismatique. On peut être un canard sans être un fragile, en gros. Une sensibilité qui s’exprime notamment par quelques punchlines qui chatouilles, comme celle dans laquelle il dit qu’il n’a pas besoin d’appli pour connaître sa période d’ovulation. Des relations charnelles oui, mais avec l’attention que mérite une véritable relation qui va dans les deux sens.

On appréciera le sample de BabySolo33 sur… Tracs BabySolo33.

Cette déclaration en fera bondir certains, mais So Vladdy a tout d’un futur classique. Et la seule raison pour laquelle on dit « futur », c’est parce qu’il n’a pas encore vieilli.

Après des années à peaufiner son avant-garde, Implaccable parvient sur ce projet à une proposition aussi singulière que game-changer. Précurseur de la jersey drill en France, il est surtout très branché, comme beaucoup de ses tracs, sur l’undeground américain. Inspiré à outrance par la drill new yorkaise et ses samples, même si sa signature vocale nous ramène inéluctablement à Shawney Bin Laden, le rappeur parvient à créer sa propre case et à poser une emprunte indélébile sur l’undeground français.

Qui d’autre sample Mac Demarco ? Qui d’autre peut sampler Fool’s Garden ou encore Fanny J ? Si l’esthétique Y2K commence déjà à refaire surface avant la sortie de So Vladdy, Implaccable en propose une lecture à sa sauce par ces références à la fois rares et universelles.

En plus de cette identité musicale si forte et singulière, Implaccable dévoile une personnalité lyricale très attachante : anti-industrie, fraternel, sensible, franc.

En 2022, rares sont les projets rap qui donnent la sensation d’être véritablement « rap », au sens où les artifices vocaux de l’ère digitale font presque loi. Dans ce contexte, So Vladdy sonne comme un essentiel, parce qu’Implaccable se « contente » de rapper à sa manière sur des titres aux mixs très sommaires et au master inexistant.Cet aspect crasseux résonne comme un parti pris pour l’underground qui correspond à la revendication anti-industrie du maître tracs.

Sans doute qe ce dernier point, aussi important que les précédents dans notre appréciation, sera la raison du rejet des autres.