DERNIER RUSH, semble-t-il, c’est la dernière expression totalement débridée de Heloïm avant une direction artistique peut-être moins versatile.

En effet, ce condensé d’énergie de 7 titres, pensé pour gesticuler, pioche autant chez les sonorités ancrées dans le Y2K de The Neptunes que dans la trap du début des années 2010. Sur l’une ou l’autre esthétique, Heloïm parvient à se rendre singulier par ses placements ; sans pour autant réinventer les genres. Lui-même l’assume, il est le produit de ses influences et ce projet en est l’expression.

Les oreilles non averties pourront être décontenancées par l’écart entre les deux esthétiques sur un même projet ; mais le fait est que ça contribue à intriguer. DERNIER RUSH se pense peut-être plus comme un show, ou comme un ensemble de singles, que comme un EP unifié. Mais ces singles : ils sont addictifs.

La performance d’Heloïm sur des titres comme TOUJOURS LOÏM ou BASS MIAMI est d’une efficacité redoutable ; quand son capital cool sur FAN 2 MOI et TA CAPTER est contagieux.

En bref, les reproches que l’on peut faire à son projet sont la dominance de ses influences et sa versatilité ; mais s’il s’agit de dire est-ce qu’on écoute de la bonne musique qui rend joyeux : la réponse est oui, plutôt deux fois qu’une.

Un dos tres, parce que un, deux, trois morceaux ; et notamment 2 aux accents de funk brésilienne.

Heloïm est un ambianceur et ce projet, qui n’aurait pas de sens à être analysé longuement, en est une belle démonstration.

L’inspiration des instrumentales vient directement des favelas : la rythmique et les éléments caractéristiques, comme le sifflet, le sample vocal, ou la snare très marquée, sont directement identifiables. Leur efficacité ne laisse, certes, pas place à de grandes surprises quant à ce qui peut se faire outre-Atlantique. Pourtant, on comprend aisément que l’ambition n’est pas là. Ces instrumentales viennent offrir un terrain de jeu à la folie des placements d’Heloïm, parfaitement libérés.

LIME est quelque peu l’ovni du projet ; hymne mélodieux aux idylles estivales vécues sur des trotinettes en libre-service bien parisiennes (hélas, à l’heure où ces mots sont écrits, Paris les a déjà interdites…).

De ce projet, si c’est GO que le public retiendra principalement ; nous retenons un condensé cohérent et agréable à relancer à chaque rayon de soleil. C’est là l’essence des EP courts sur le modèle 140BPM de Hamza : 3 titres extrêmement complémentaires et efficaces, un no-skip cheaté.

Au coeur des cités HLM de Rouen, les nuages semblent couvrir une lumière qui vient d’en bas : Heloïm.

Non pas qu’il soit le seul capable de briller dans cette partie de l’hexagone, mais le rappeur ne sonne pas comme les autres. Dès l’introduction, 3XCHAUD, on est secoué par un univers dans lequel c’est difficile de distinguer l’agréable du bordel. Pourtant, le fait est qu’il y a quelque chose : une énergie. Celle-ci maintient la curiosité jusqu’à TU SAIS PETIT, plus aéré, où l’on retrouve enfin des paramètres plus rassurants.

Attention : ici, bordel n’est pas péjoratif et rassurant n’est pas mélioratif. Le propos à comprendre, c’est qu’Heloïm semble être un esprit libre & disruptif, mais capable de canaliser des flows énergiques et des placements surprenants dans des morceaux plus accessibles.

C’est cela qui rend HLM2, dans la lignée du précédent, aussi intriguant et excitant que difficile à adhérer. Un viver créatif est présent ; c’est certain. Est-ce que HLM2, dans son entièreté, est un projet qu’on peut durablement écouter et intégrer à sa bibliothèque, c’est moins sûr. Il a plus des airs de mixtapes très américaines des années 2010, où les expérimentations font loi et dans lesquelles la seule intention d’exercer une singularité suffit à octroyer le statut de : à écouter.