« Parler ça fait du bruit mais croire en soit ça fait un boucan ».

C’est sûrement la phrase qui résume cet album, condensé d’énergie et d’émotions motivantes. Alors que je me plains souvent que les textes des rappeurs actuels sont trop autocentrés, Ben PLG incarne son message si bien qu’en parlant de lui, il arrive à me parler.

Sans trop choquer, la composition parvient à surprendre sur un track comme On tombe, on réessaye. En parlant de composition, on sent que Ben PLG ne résiste pas à l’appel des rythmiques pop-rock vers lesquelles le rap se tourne ces temps-ci. Cette hybridation atteint son paroxysme, évidemment, sur le feat avec Zed Yun Pavarotti. Généralement, j’y suis très hermétique, voire ça m’énerve ; mais je dois dire qu’ici ça fonctionne plutôt bien. Même si l’idée a quelque chose d’opportuniste pour continuer à faire grandir le public et mettre à jour sa musique sans rien inventer, la réalisation est véritablement artistique et permet de se projeter dans des titres potentiellement assez intemporels comme l’outro.

Ceci dit, je ne peux pas parler de cet album sans évoquer la dissonance que provoque la présence de Zkr. Connexion lilloise, on entend. Deux excellents rappeurs ensemble, on entend. Mais Zkr est accusé de violences conjugales, vidéos à l’appui, et le progrès dans la lutte contre les VHSS est bien plus important que n’importe quelle chanson, que n’importe quel chauvinisme, que n’importe quelle stratégie.

C’est dommage de faire un album avec autant de substance et de faire une bourde pareille. C’est même pas une bourde en fait, c’est pire : c’est de l’indifférence, voire une prise de position pour l’agresseur accusé.

Je suis très triste de conclure cette chronique hyper positive par une note qui balaie tout. Si Ben PLG croit aux miracles par expérience, il nous force à constater qu’ils n’existent vraiment pas pour les victimes.